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Les grandes cultures sous une météo chaotique en 2020

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Bousculée par la météo, bousculée par les marchés, bousculée par la situation sanitaire, la conjoncture est très compliquée, et les grandes cultures ne sont pas épargnées. Retour sur la météo.

On avait presque pris l’habitude d’avoir un épisode climatique excessif par campagne ses 8 dernières années. Mais 2020 est vraiment hors norme.

Cette année culturale en cumule déjà 3.

 

Temps sec de la fin de l’été

La fin de l’été, marquée par un temps sec. Entre le 17 août et le 21 septembre (35 jours), il est tombé à Metz 10.8 mm en 7 jours (la moyenne est de 70 mm en 10 jours). Les semis de colza et des légumineuses fourragères en ont pâtis directement. Les dates de semis se sont étalées sur 5 semaines. Les prévisions d’emblavement ont été revues à la baisse. Il a fallu adapter les stratégies de désherbage notamment pour les produits racinaires. Le manque de densité est déjà marqué à la levée. La densité est une des composantes du rendement !
 

Le retour des pluies

Les pluies reviennent enfin… mais ne partent plus. La pluviométrie du dernier trimestre de l’année 2019 est supérieure de 25 % à la norme. Après une accalmie en janvier, s’ajoute à ces excès, le mois de février qui bat des records. Il a plu 124.4 mm à Metz contre 57.1 en moyenne !

C’est au tour des semis des céréales d’être perturbés mais cette fois par le manque de jours disponibles. On note un retard de 10 à 20 jours sur la date de semis normale. Comme pour le colza, la sole d’orge d’hiver est en baisse par rapport aux prévisions. Il est souvent trop tard pour semer les escourgeons. En plus de ce retard à l’allumage, les conditions de semis souvent trop humides sont dommageables à la qualité de levées. Les « tournières » portent encore aujourd’hui les stigmates de cette période. La pluie qui dure engorge les sols. Qu’ils soient trop argileux, froids et battants ces types de sols sont en grandes difficultés, plantes en anoxie, système racinaires fort perturbés, pertes de pieds, et parfois retournement de cultures.

Consolation, les températures d’une extrême douceur rattrapent le retard pris au semis. L’année à l’arrivée du 3ème épisode est même précoce.

Pour avoir un peu de temps disponible pour faire l’essentiel des travaux de printemps (semis, phyto, engrais …) les professionnels ont patienté jusqu’à mi-mars. Mais rapidement la sècheresse alimente l’essentiel des discussions. En effet, il ne pleut quasi pas, entre le 11 mars et le 27 avril (47 jours).

Les densités et les développements de biomasse déjà malmenés par les épisodes précédents souffrent à nouveau. L’azote ne fait que partiellement son effet. Seuls les sols bien équilibrés au niveau texture, bien structurés et avec un bon statut azoté arrivent à faire tampon face à ses agressions climatiques à répétitions. Les semis des cultures de printemps et d’été n’échappent pas au stress et tout comme les colzas le manque d’arrosage en post-semis impacte les densités et l’homogénéité des levées. Pour ne rien arranger un épisode de gel (du 1er au 5 avril) met la pression sur certains colzas déjà bien faibles. Plusieurs parcelles n’iront pas au bout, déjà diminuées par des peuplements faibles et souvent minées par des larves d’insectes (de plus en plus difficiles à contrôler).

Le retour des pluies (entre 20 et 50 mm en fonction des secteurs) début mai redonne un peu de vert à la campagne et on note au baromètre du moral un léger mieux.

Il reste encore beaucoup de périodes cruciales avant les récoltes, mais force est de constater que pour les parcelles avec les sols les plus « extrêmes » (sols très superficiels, limons battant, argiles hydromorphes…), les potentiels sont bien entamés.

 


Claude RETTEL, responsable du service agronomie-environnement
Tél : 03 87 66 12 44 – 06 80 45 83 91
Email :
claude.rettel@remove-this.moselle.chambagri.fr