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Autonomie alimentaire et reorganisation fourragère

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Avec le contexte météorologique éprouvant, parler d’autonomie alimentaire peut paraître provocateur et pourtant l’amélioration de ce poste a un impact direct sur le revenu de l’éleveur.

Une action engagée dès 2015 avec le soutien du Conseil Départemental de la Moselle dans les trois filières majeures du département vise à proposer différentes options permettant d’atteindre cet objectif …

La situation économique des élevages est difficile face aux marchés actuels. L’achat de matières premières dont les prix ont globalement augmentés depuis les cinq dernières années fragilise l’éleveur sur le plan économique et le rend dépendant sur l’origine des produits.

Pourquoi parler d’autonomie alimentaire ?

L’action de la Chambre d’agriculture a pour objectif d’orienter les élevages vers des pratiques innovantes pour les rendre plus autonomes sur le plan fourrager et sur l’utilisation de concentrés pour l’alimentation de leurs troupeaux.

En effet, plus le système alimentaire sera autonome sur le plan quantitatif et qualitatif, plus il sécurisera l’éleveur, l’amenant à être moins dépendant de l’achat à l’extérieur de fourrages et/ou de concentrés.

L’aspect économique est évidemment la première conséquence à laquelle on pense lorsqu’on parle d’autonomie alimentaire mais on oublie souvent les incidences environnementales et sociales. Autonomie alimentaire est synonyme d’amélioration du bilan carbone, avec par exemple la réduction du transport de soja, ou de biodiversité via l’implantation de légumineuses ou de prairies multi-espèces. Au niveau social, elle permet de valoriser le métier d’éleveur et de créer de nouvelles formes de collaboration entre exploitants via des systèmes d’échanges locaux. Elle est aussi un bon moyen d’assurer une traçabilité des aliments pour les productions soumises à un cahier des charges.

Pour mener à bien ce projet, quatre exploitations pour chacune des trois filières dominantes du département (bovins lait, bovins viande et ovins viande) sont accompagnées dans une démarche d’amélioration de leur autonomie alimentaire. A partir d’états des lieux sur ces douze exploitations portant sur les campagnes 2014 et 2015 et des orientations de chaque éleveur, les conseillers en élevage de la Chambre d’agriculture ont proposé des pistes d’évolution du système fourrager et de sa conduite.

Les situations initiales des exploitations sont très hétérogènes avec des taux d’autonomie en concentrés pouvant varier de 0 à 90 % ! Au niveau de l’autonomie fourragère, l’écart est plus resserré avec des taux allant de 72 % à 100%.

A l’issue de la prochaine campagne, les bénéfices techniques, environnementaux et socio-économiques de ces pratiques seront évalués grâce à des indicateurs tels que le taux d’autonomie en fourrages, en concentrés et le coût de concentrés ramené à la production de l’élevage (lait ou viande). L’objectif global de l’étude est de constituer une base de démonstration et de communication aux éleveurs de la région à travers des articles et des portes ouvertes.

Quelles stratégies pour devenir autonome ?

Etre autonome c’est optimiser et adapter les ressources de l’exploitation, produire en fonction de ce dont on dispose sur l’exploitation.

Quelques principes fondamentaux à respecter pour y arriver :

  •   choisir une production (animale ou végétale) reflet du potentiel du milieu,
  •   rechercher la complémentarité cultures – élevage,
  •   utiliser des variétés adaptées : moins productives mais plus résistantes aux maladies,
  •   introduire des PT (de légumineuses) dans l’assolement,
  •   associer des cultures (exemple : pois/triticale),
  •   optimiser la gestion de l’herbe et la conduite du pâturage.

Plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre pour atteindre l’autonomie alimentaire.

Sur les exploitations suivies, les pistes étudiées sont, pour certaines, l’implantation de couverts après moisson, de prairies temporaires et/ou de luzerne et, le cas échéant, la réduction des surfaces en maïs. Pour d’autres exploitations, des modifications plus globales sont envisagées par les éleveurs, entraînant une réorganisation complète du système comme des conversions en agriculture biologique ou une désintensification du chargement par la réduction du cheptel.